1,3 million d’indépendants, une manne de talents, et pourtant un dispositif de formation qui leur échappe encore trop souvent. Depuis 2020, le droit à la formation financée par le CPF s’étend aux travailleurs indépendants, sous réserve de l’acquittement effectif de la contribution à la formation professionnelle. Contrairement aux salariés, l’ouverture de droits n’est ni automatique ni uniforme, les montants crédités variant selon le secteur d’activité et la régularité des versements.
Certaines professions libérales restent exclues du dispositif, tandis que d’autres bénéficient d’organismes collecteurs spécifiques. Des démarches précises sont à effectuer pour ouvrir et alimenter un compte CPF, sous peine de ne jamais accéder au financement des formations.
Le compte personnel de formation : un droit souvent méconnu des indépendants
Depuis le 1er janvier 2018, le travailleur indépendant peut lui aussi profiter du droit au CPF pour les indépendants, désormais inscrit dans le code du travail. Cette avancée a replacé le compte personnel de formation au centre des outils d’accompagnement professionnel, longtemps réservés aux salariés. Pourtant, la réalité sur le terrain est toute autre : bon nombre d’indépendants ignorent encore la portée de ce droit. Les statistiques de la Caisse des Dépôts et Consignations, qui pilote le dispositif, témoignent d’une utilisation encore très faible du CPF parmi les indépendants.
Le CPF fonctionne comme un droit individuel valable tout au long de la vie active, jusqu’au départ à la retraite. Alimenté chaque année à hauteur de 500 euros, plafonné à 5 000 euros, il permet aux travailleurs indépendants de financer des formations qualifiantes, des bilans de compétences, ou même le permis de conduire. C’est France compétences qui assure la gestion des fonds, pour garantir à chacun des conditions d’accès équitables.
La gestion du CPF suit une logique bien définie : la Caisse des Dépôts et Consignations centralise les droits, mais l’alimentation du compte dépend du paiement effectif de la contribution à la formation professionnelle. En clair : le compte n’est crédité qu’après l’année suivant la régularisation de cette contribution. Ce mécanisme demande une vraie anticipation et une gestion administrative sans faille.
Ce dispositif, détaillé dans les articles du code du travail, vise à sécuriser les parcours et à valoriser les compétences. Pourtant, la communication institutionnelle reste trop timide et la complexité perçue du CPF détourne encore beaucoup d’indépendants de cette opportunité d’évolution professionnelle.
Indépendants et CPF : qui peut en bénéficier et sous quelles conditions ?
Aujourd’hui, le compte personnel de formation s’adresse à une grande diversité de professionnels non salariés. Sont concernés : travailleurs indépendants, micro-entrepreneurs, auto-entrepreneurs, professions libérales, artisans, commerçants, exploitants agricoles, artistes-auteurs et conjoints collaborateurs. Pour tous, le point de passage obligé reste le paiement effectif de la contribution à la formation professionnelle (CFP).
Le montant de la CFP dépend du statut et du chiffre d’affaires. Chez les micro-entrepreneurs, la CFP varie de 0,1 % à 0,3 % du chiffre d’affaires, collectée par l’URSSAF avec les cotisations sociales. D’autres statuts versent leur part à un organisme dédié. Le crédit annuel du CPF, fixé à 500 euros (plafonné à 5 000 euros), ne s’active qu’après règlement de la CFP et déclaration correcte des revenus. Que vous soyez artisan affilié au FAFCEA, commerçant dépendant de l’AGEFICE ou professionnel libéral auprès du FIF-PL, la règle reste la même.
Pour mieux comprendre à qui s’adressent ces organismes, voici comment se répartissent les fonds d’assurance formation selon l’activité :
- Artisan : FAFCEA
- Commerçant : AGEFICE
- Profession libérale : FIF-PL
- Exploitant agricole : Vivéa
- Artiste-auteur : AFDAS
La gestion du CPF implique une coordination avec ces différents fonds d’assurance formation (FAF). Pour activer et utiliser leurs droits formation inscrits sur le compte, les indépendants doivent s’assurer d’être à jour dans leurs démarches administratives. C’est la seule façon de garantir un accès réel au financement des actions de formation auprès d’un organisme agréé.
Gérer son compte CPF en pratique : démarches simples pour financer sa formation
Pour consulter ses droits CPF, choisir une formation et lancer la demande de financement, tout passe désormais par la plateforme moncompteformation.gouv.fr. Chaque travailleur indépendant ouvre son accès via FranceConnect et peut alors visualiser le montant disponible, actualisé chaque année après le versement de la contribution à la formation professionnelle.
Avant de s’inscrire, il faut vérifier que la formation éligible figure bien parmi les actions certifiantes ou qualifiantes, enregistrées au RNCP ou au RS et proposées par un organisme labellisé Qualiopi. Permis de conduire, bilan de compétences, accompagnement à la création d’entreprise : l’offre est large, à condition de respecter les critères exigés par le CPF.
L’inscription à une session se fait intégralement en ligne. Une fois le dossier validé, le CPF prend en charge une partie ou la totalité du coût de la formation. Depuis 2023, un reste à charge peut exister : il varie en fonction de la formation, du montant acquis et d’éventuels abondements (par exemple via France Travail). Il est recommandé de solliciter une prise en charge auprès de son fonds d’assurance formation (FAF) au moins un mois avant le début de la session, au risque de voir la demande refusée.
Pour ceux qui souhaitent un accompagnement, un conseiller en évolution professionnelle (CEP) peut guider les indépendants : analyse des besoins, choix du parcours, constitution du dossier. Un appui précieux pour naviguer dans un environnement administratif et réglementaire en mouvement.
Le CPF pour les indépendants, c’est une porte à pousser, pas un privilège à réclamer. Et si demain, la formation devenait pour tous un réflexe aussi naturel que le paiement de ses cotisations ?


